Marietta
(FR)Adieu Gary Cooper
(CH)Marietta
On voit passer les groupes francophones sans s’en rendre compte. Le très puissant label Born Bad n’y est pas pour rien. En dix ans de sorties chaque fois inattendues, le label a gardé l’inspiration et a su voir passer sur sa tête les ombres de l’effondrement discographique sans sourciller. En août dernier Born Bad sortait Marietta, dandy invertébré et mou dans son langage comme une langue de serpent. Ex de très brutaux Felling Of Love, l’homme a chaussé ses bottines d’étalon pour s’assoir à la table du stupre et de la nonchalance. Bien sûr on entend Dylan et Syd Barett, mais aussi les reliures abimées des vieux livres de nos grands parents. La classe caféinée d’un français en déroute.
Adieu Gary Cooper
Des ecchymoses sur le visage, de la sueur plein les yeux, c’est le retour d’Adieu Gary Cooper - Outsiders devant l’éternel comme le titre de leur nouveau disque. Entre opium et helium, Adieu Gary Cooper a gardé son odeur de couloir d’hôpital, sa dynamique d'aire d’autoroute américaine où les fantômes de John Fante et de Jim Harrison désespèrent du monde moderne. Pas de chansons d’amour ici. Au détour d’un refrain, c’est tout un malaise existentiel diffus qui se révèle « Tout autour de moi tourne un peu trop vite, j’ai un mal de fou à suivre le rythme ». Bande-son d’un temps présent gris face à l’avenir qui se dérobe. On ne sait plus s’il faut rire jaune ou chialer. La batterie surplombe une boîte à rythme-cardiaque rappelant la mécanique implacable d’une société post-moderne. Un mur de guitares est dressé contre la peur du vide. Mais si l’album est gris, il sonne turquoise. Comme un courant d’onde pure dans la cuvette des chiottes. Les synthétiseurs convient à la fête - une fête désespérée peut être mais fête quand même - où la sophistication pop se frotte à la rugosité du rock'n'roll.
