The Abigails (US) + Kung Fu (CH)
Crooner complètement décadent, Warren Thomas et ses femmes de ménage sont un excellent pendant aux Growlers qui ont tout de même, avouons-le, eu le don de nous fatiguer un peu. Fabriqués toutefois sur le même modèle d’une jeunesse californienne shootée aux tentatives hallucinogènes en tout genre, une approche plus Tom-Waitsienne de la déliquescence, donne aux Abigails une touche blues bien plus élégante que celle de leur rivaux. Alors toujours le surf, toujours les guitares twang, toujours la nonchalance et le je-m’en-foutisme pour ce groupe qu’on attend depuis deux ans. Leurs compositions sentent le sable chaud, leurs gros bides et leurs tattoos sentent l’indolence des enfants de 20 ans. Alors venez vous frotter à ce surf-blues habité jusqu’au fond de votre passé d’enfant hébété. Découverte nocturne et tardive dans un lieu genevois interlope. Sans une once de discipline chinoise et pratiquant leur technique mains nues, Kung-Fu, œil torve et casquette visée, ont enclenché leur reverb-chorus-flanger sur 10 pour plonger nos têtes vides dans une structure liquide où chaque pièce réserve un nouveau secret. Plongée immorale dans la violence intérieure qui pousse à l'état de grace-ébriété que seuls atteignent les justes, escalade d'une vallée de Pavot, ce quintette moderne sent la pop cristalline. Batteur touché jazz, guitare jazz master, synthés inattendus ... Quand l'effervescence de Mac DeMarco flirte avec les accords complexes des Pink Floyd. De quoi seront-ils capables ? Personne ne le sait ... surtout pas eux.